miércoles, 25 de febrero de 2009

Lettre à Catherine




Chère Catherine:

J’avais seize ou dix-sept ans quand j’ai vu à la Cinemateca Nacional à Caracas le documentaire de Leni Riefenstahl Le triomphe de la volonté (El triunfo de la voluntad ou Triumph des willens). À cette époque-là, je demeurais un naïf jeune homme sympatisant d’une certaine extrême gauche et, naturellement, le führer ne m’attirait rien du tout. Mais tout d’un coup, voilà qui émergeait sur l’écran le drôle de moustache et la gueule violente du leader nazi et j’ai ressenti une sorte d’hypnose qui a affaibli ma volonté, hélas !, et j’ai compris pour quoi un grand nombre de personnes sont tombés sous son malheureux influx.

Bien sûr, le dictateur vénézuélien reste toujours très loin d’atteindre la anti-grandeur d’Hitler. Même si un peu périphérique, nous autres les sud américains appartenons à l’occident, et si bien que la démocratie comme telle est périmée au Vénézuéla, une miette de pudeur politique empêche quand même l’Idi Amine Dada bolivarien de se passer des derniers rituels électoraux. Ainsi l’on parvient à tromper à des gens insuffisamment prévenus qui nous observent d’un regard bienveillant et condescendant : Ils ne vont mûrir jamais, ces cons-là !

Néanmoins, chacune des élections au Vénézuéla depuis l’arrivée au pouvoir du démagogue ont été piégées. Tous les ressources de l’État ont été mis à la disposition du dictateur qui a déclaré maintes fois, à la Louis XIV : « L´État c’est moi ». Simultanément, il s’est enrichi grossièrement touchant sans contraintes les recettes pétrolières, entouré d’une oligarchie parasitaire que les vénézuéliens redoutent au privé (il y a beaucoup de peur de les nommer publiquement) comme la boliburguesía (la bolibourgeoisie). La plupart des citoyens se méfient aussi de la classe politique traditionnelle, la soi disant « opposition », qui saute avec vigueur pour reconnaître encore une fois la « victoire » de l’autocrate et, de cette manière, lui fournir de la légitimité après chaque « élection ». Ils sont nos pétainistes, eux. Francisco de Miranda, un de nos héros de l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne et dont le nom est inscrit sur l’Arc de Triomphe à Paris (il a combattu sous les drapeaux du Directoire pendant la Révolution française), a exclamé une fois : « Le Vénézuéla est blessé au cœur ».

Peut être nous sommes gravement bléssés maintenant. J’espérais vivre mes derniers ans en douceur et tranquillité et non pas sous la botte militariste d’un satrape tropical, un vrai brigand et voleur dont le seul atout devient la capacité de mentir sans relâche et de menacer tous ceux qui ont commis l’hideux crime de ne pas penser comme lui. La seule manière de le vaincre est de proposer des idées courageuses pour battre la misère et le désespoir qui subissent une grosse proportion de mes concitoyens.

Nous avons besoin d’un appel comme celui de De Gaulle le 18 Juin 1940 pour nous rallier contre cette tyrannie alliée avec le terrorisme et les mafias de la drogue. Il faut du courage et de la volonté. Ce n’est pas facile, pourtant.

Bises,

Nicolás

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